samedi 10 mars 2012

La saveur surette des secrets (2)

Dans les années 30, les gens avaient encore le goût du secret et de l'intrigue. Toute histoire d'amour qui se respectait, se devait d'être imbibée de mystère. Romantisme échevelé obligeait. Cela faisait partie des jeux amoureux et dans tous les aspects de la vie, la pudeur, la chasteté, la retenue étaient de mise. Aujourd'hui, il n'en est plus rien. 

Les grilles sont également très prisées au XVIIIe siècle. Le système suppose que le destinataire possède une grille identique à celle de l'expéditeur. On pose une grille découpée sur une feuille blanche. Dans les cases, on écrit des mots enflammés ou les éléments d'une rendez-vous secret. Une fois la grille ôtée, on complète les espaces blancs entre les mots, pour composer un texte plus ou moins sensé et surtout banal. Il suffit ensuite que le destinataire pose sa grille sur la missive, pour que les mots utiles apparaissent...
Les musiciens pencheront plutôt pour le code musical. Le "do" est un "a", le "ré", un "b", etc. jusqu'au "l". Comme la portée est complète, il s'agit de redescendre ensuite la gamme, les premières lettres représentant des blanches et les suivantes, des noires. 
L'emploi d'encres de couleurs différentes a aussi son importance dans l'art de correspondre secrètement. Si le rouge veut dire "amour ardent", le vert tendre symbolise la tendresse et le bleu foncé fait référence à des soucis, des inquiétudes.
Et si d'aventure, le spectre des écritures secrètes vous laisse sur votre faim, la correspondance invisible peut raviver vos ardeurs. Les encres sympathiques invisibles se révèlent par moyen chimique ou thermique. A l'instar des encres extraites du suc des fleurs et des plantes. Le jus de violettes, de marguerites et de nénuphars mélangés à parts égales et arrosé du jus d'un citron, peut être employé comme encre qui se manifeste sous un feu ardent. Les jus d'oignon ou de citron sont également bien connus pour de telles vertus.
Afin de ne point éveiller de soupçons, il convient évidemment d'expédier une lettre ordinaire écrite à l'encre normale, tout en laissant de la marge entre les lignes. Car c'est là qu'on écrira son message enflammé à l'encre sympathique. Louis XI appréciait beaucoup les lettres au jus d'oignon, François Ier ainsi qu'Henri IV préféraient les encres à base de fleurs.
"L'amour a besoin de mystère et c'est surtout pour les amoureux que les codes secrets ont été utilisés." Sans aucun doute, M. Lejay. ©

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